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IMA : les mille et une nuits

Chaque homme, pour peu qu’il soit disert
et qu’il aime les femmes, porte en lui ses mille et une nuits.

Jean Ethier-Blais

Au début il fait tout noir. Sous quelques loupiotes apparaissent des vieilles reliures, quelques gravures, enluminures et autres manuscrits. L’obscurité a de bon qu’elle permet de se concentrer sur les détails illuminés: les courbes calligraphiques de textes arabes, italiens, anglais, français etc; le trait d’un dessin ou l’épaisseur d’un papier. Derrière les moucharabiehs de l’IMA l’envoûtement des mille et une nuits s’immisce par le détail.

Les mille et une nuits ou la compilation d’histoires sans auteurs, tant de fois contées, et déformées que nul ne prétend connaitre toutes les fins. La première traduction reconnue est l’oeuvre du français Antoine Galland (1646-1715). Elle fût depuis maintes fois traduite, débattue et remaniée dans toutes les langues de Babel. Existe-il une version originale? Qu’importe! Quelque soit les versions de n’importe qu’elle histoire ce livre est avant tout un imaginaire. Un imaginaire d’Orient qui inspira tant d’artistes en mal d’exotisme. Peintres, écrivains etc. tout y passe! Le Comte de Montre Cristo aurait-il appris les délices de la vengeance en Orient sans cette oeuvre ? Pas si sûr…

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«Le rêve de l’eunnuque»,  Jean-Jules Antoine Lecomte du Nouÿ, 1874

C’est justement cet imaginaire oriental qui est mis en scène à l’étage supérieur. J’ai trouvé le décor très bien élaboré – si ce n’est la caverne d’Ali Baba qui fait un peu carton-pâte – avec une signature olfactive particulièrement réussie. On peut écouter des contes, s’adoucir des langueurs et de l’oisiveté miroitées par les multiples tableaux et extraits cinématographiques… Dans cette partie de l’exposition tout est fait pour mettre vos sens à l’affût. La transition avec la sombre première salle est de ce fait agréable. On se laisse tranquillement bercé dans un imaginaire communément partagé entre Le Caire, Bagdad, Téhéran, Damas etc. d’un désert aride aux flots tumultueux des côtes indiennes.

Les mille et une nuits est un cocktail d’histoires d’amour et de de séduction, de sexe (beaucoup) et de jalousie, de guerre vengeresses mêlées de luttes fratricides et de divination. Les ingrédients du succès sont connus et ils n’ont guère changé aujourd’hui. Du no life fan de magie blanche au Don Juan auto-proclamé tout le monde y trouve son compte. C’est sans doute ce mélange qui explique le succès universel et intemporel de cet oeuvre. Comme du Hollywood avant l’heure tout le monde s’y retrouve. Enfin tous… sauf peut-être les Frères musulmans et autres puritains illuminés qui viennent casser l’ambiance. Franchement quel paradoxe…

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Arabian nights de John Rawlins, 1942

« You are dreaming.

You are a woman to make men dream. »

Terminons le post par cette sublime réplique! Celle-ci je me la garde derrière l’oreille à l’occasion… :). Dans l’attente d’une Shéhérazade qui « make men dream » les apprentis sultans pourront toujours se mettre en bouche sur le site de l’exposition.

Les mille et une nuits, Institut du monde arabe, du 27 novembre 2012 au 23 avril 2013.

Photo à la une: Les mille et une nuits – vers 1914 – Vittorio Zecchin

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